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Tant qu'il est encore temps...

Mardi 15 avril 2 15 /04 /Avr 00:46


Je restai un long moment à tout simplement le regarder. Plus les minutes passaient, plus je pensais que je l’aimais à la folie. Au fur et à mesure du temps, je m’assoupis également, les émotions de ce soir avaient été très fortes et il devait être tard à présent. Je posai donc ma tête tout près de son corps, ma main ne lâchant pas la sienne pour enfin me laisser aller. Et pourtant, ce sommeil ne fut à aucune seconde reposant. J’avais l’impression d’être attentif à chacun des sons, au moindre mouvement qui voudrait dire qu’il venait de se réveiller. Et j’eus raison de n’être qu’à moitié endormi, car je sentis à peine dix minutes plus tard, la main de Noah bouger légèrement et de légers sons sortir de sa bouche. Je redressai aussitôt la tête et le regarda le temps qu’il reprenne ses esprits. Après de très longues secondes, il ouvrit enfin les yeux à moitié, aveuglé par la lumière qui se trouvait au dessus de lui, que j’éteignis aussitôt, la lampe de chevet nous suffisant pour nous voir. A présent debout, je m’abaissai près de lui et lui caressai lentement la joue en lui souriant, un sourire que je voulais à tout prix rassurant. Noah avait l’air tellement fatigué, j’avais énormément de peine à garder ce sourire. Mais il paraissait apaisé de me voir, c’était déjà ça…
Il leva lentement sa main libre pour enlever son masque à oxygène mais l’en empêchai aussi vite et lui murmurai :
- Ne l’enlève pas mon amour, tu en as besoin…
Il abandonna sans rien dire, sa main retombant sur le lit comme s’il était à bout de force. Il me resserra un peu la main et tenta de dire :
- David…
- David dort juste là, ne t’inquiète pas… Tout va bien…
Noah était mal, ça se voyait à son visage. Une larme coula le long de sa tempe, que je séchai en lui répétant que tout allait bien. Je ne savais rien faire d’autre à part être là… A quoi pouvais-je donc servir ? Je devais regarder mon propre compagnon mourir lentement et être malheureux.
Il ouvrit à nouveau les yeux et me regarda, toujours ce même regard aveuglé et éreinté :
- Qu.. Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-il faiblement.
- Tu as eu problème cérébral mais ils ont réussi à faire le nécessaire. Tu n’as besoin de t’inquiéter de rien, je me charge de tout.
Devais-je lui parler des supposées séquelles ? Tout mon être me disait de surtout me taire à cet instant précis, il n’aurait pu supporter de savoir qu’il allait bientôt avoir besoin d’une aide constante. Lui qui était si indépendant, je savais très bien qu’il allait être malheureux comme jamais s’il ne savait plus faire quoi que ce soit sans quelqu’un. Et puis le voir pleurer… J’en crevais de mal au cœur, ma gorge était serrée comme jamais. Je ne m’étais jamais autant retenu de pleurer. Mais ce n’était pas moi qui avait besoin de sortir ma peine en ce moment, il n’y avait que lui qui avait une véritable raison d’être triste.
Il semblait avoir du mal à respirer et j’appuyai donc aussitôt sur le bouton pour appeler une infirmière. Au moins, si on lui faisait du bien physiquement, peut-être sa peine allait-elle être un peu soulagée. D’autres larmes vinrent rejoindre la première bien rapidement, il lui fallait quelque chose pour qu’il se calme, je voyais bien que malgré son état il était agité. Noah porta subitement son bras à ses yeux comme s’il ne voulait pas que je le vois et sans que je m’attende à une chose pareille, il déclara :
- Je suis.. désolé… Gwen.
- Désolé de quoi Noah ? Tu n’as pas à te faire pardonner de quoi que ce soit…
Je lui enlevai son bras et mis ma main sur sa joue à nouveau pour qu’il me regarde et rajoutai :
- Je t’ai dis que je serai là… Jusqu’au bout et quoi qu’il arrive, c’est compris ?
Noah me fit un léger oui de la tête. Ca promettait de ne pas être facile mais je n’avais pas le choix… Il s’endormit rapidement quand l’infirmière vint lui administrer un léger calmant.
La semaine de Noah à l’hôpital se passa difficilement. Quand il s’était remis plus ou moins du choc, il remarqua rapidement qu’il ne savait bouger son côté gauche que difficilement. Il devait faire énormément d’effort pour parvenir à fermer son poing. Les médecins expliquèrent en détails à Noah tout ce qu’il s’était passé et allait se passer. Ce jour-là, aucun son ne sortit de sa bouche et il ne posa pas un regard sur moi ou même David. Apparemment, que l’annonce officielle de sa mort lui soit dite et qu’en plus, cela ne durerait pas bien longtemps, cela lui le bouleversa bien plus qu’il ne l’avait imaginé. Plusieurs fois, je dus prendre sur moi en l’entendant me répondre sèchement ou quand je revenais dans sa chambre, faire semblant de ne pas l’avoir vu pleurer. Il était mal, et plus les jours passaient, plus je m’en voulais d’être impuissant face à ce qu’il vivait. Ce dont il avait surtout besoin en ce moment était de rentrer chez lui, de se reposer dans son lit…
Il put donc rentrer, à présent obligé d’être soutenu pour marcher, son côté gauche ne voulant pas se rétablir. Il avait du mal à lever le bras ou la jambe mais même si cela était assez handicapant, ce n’était pas le plus embêtant. Il saignait du nez assez souvent et puis, il oubliait certaines choses que je lui disais de faire avant de repartir, mais heureux tout de même que nous soyons à nouveau tous les deux et que nous allions pouvoir enfin redormir ensemble. Heureusement qu’il y avait l’ascenseur car une fois arrivés en bas du bâtiment, son visage était encore plus blanc qu’aux habitudes et il était faible comme jamais.
Il s’accrocha davantage à moi et nous arrivâmes donc à l’appartement que j’ouvris rapidement. Il semblait déjà perdu, je n’arrivais pas à comprendre son regard mais quand nous entrâmes, ce fut pire. On aurait dit qu’il ne savait pas où il était, qu’il ne reconnaissait pas son appartement. Et en effet, il déclara :
- Gwen… Je ne reconnais pas.
- C’est pourtant chez toi ici Noah… Tu vas te rappeler… dis-je en l’aidant à entrer dans l’appartement.
Je vais te montrer la chambre, tu reconnaitras peut-être.
A ces débuts de larmes, j’aurai fait n’importe quoi pour qu’il s’en rappelle mais heureusement, dès que nous fûmes dans la chambre, il se rappela quelques petites choses, preuve que c’était un bon début. Après quelques heures, étant à présent couché, il parvint à se rappeler de tout ce qu’il avait pu vivre dans cet appartement. Je restai près de lui, allongé à ses côtés jusqu’à ce qu’il s’endorme, regardant Noah qui se perdait dans mes yeux et son sommeil. J’avais eu raison de penser qu’il se sentirait mieux chez lui. A ses yeux, je voyais qu’il était serein.
Cela m’apaisait et me faisait peur à la fois… Si Noah se sentait bien, il y avait bien plus de chance qu’il parte rapidement et pourtant, penser à le rendre mal à l’aise dans une quelconque situation sous prétexte de ne pas vouloir le perdre était totalement égoïste.
Je devais tout faire pour le laisser partir… Alors pourquoi me sentais-je si coupable ?
Dès qu’il s’endormit, je perdis aussitôt mon sourire. Je faisais beaucoup d’effort, je ne craquais pas, mais une fois qu’il était endormi, j’étais complètement démonté. Je me couchai contre lui en faisant attention à ne pas le réveiller et restai ainsi, sans bouger. Je respirais son odeur et écoutait les battements de son cœur en suivant de ma tête, le rythme de sa respiration.
Était-ce possible de se faire à l’idée de perdre quelqu’un ? Allais-je me remettre un jour de cette perte, de ce manque qui allait me poursuivre tout le long de ma vie ? Allais-je un jour reprendre le cours de ma vie en sachant que Noah ne serait jamais à mes côtés ?
Toutes mes joies et mes peines à venir allaient être sans la seule personne avec qui j’avais envie de les vivre… Attendre sa mort, c’était me préparer à vivre un malheur insurmontable, en commençant déjà à lui laisser une place dans mon cœur.

Au fur et à mesure des jours, je ne prenais plus la peine à faire semblant de m’occuper. Quand je ne m’occupais pas de David pour ses cours, pour lui parler et le réconforter, j’étais auprès de Noah qui se dégradait bien trop rapidement à notre gout. Il devait parfois me réveiller en pleine nuit pour que je lui donne un médicament pour ses vertiges, parce qu’il saignait encore une fois du nez ou pour avoir son oxygène.
Après une semaine à peine, il n’avait même plus la force de se lever et je devais continuer à rester fort, à jouer l’homme réconfortant et fort, qui prenait les choses à distances.
Heureusement, Grace, avec qui je n’avais plus parlé depuis un long moment, revint un jour en ayant appris la nouvelle par un de mes amis. Elle fut très présente pour s’occuper des choses extérieures comme faire les courses ou le linge, chose à laquelle je ne pensais même pas…

Le temps passait tellement vite et à la fois tellement lentement. J’avais l’impression de devenir fou. Je n’arrivais même plus à sortir de mon état de choc qui durait depuis bien trop longtemps à présent. Je ne pleurais pas, je ne riais plus et souriais que quand les gens en avaient besoin. Les moments où j’étais totalement seul, je me mettais bêtement à trembler…. J’avais emmagasiné une tension que j’avais de plus en plus de mal à contenir. Seulement, je n’arrivais pas à la faire ressortir et je ne voulais pas.
Je considérais que montrer mon état voulait dire que j’acceptais la mort de Noah et jamais je n’arriverais à l’accepter. Je ne voulais pas craquer et je ne l’allais jamais le faire.
La venue du médecin tous les jours ne servaient à rien. J’avais plus l’impression qu’il venait voir à quelle vitesse la mort de Noah évoluait, devenant à la limite agressif avec lui. Pourquoi venait-il encore si personne ne savait rien faire pour lui ? C’était un cadavre comme un autre pour eux mais pour moi, c’était bien plus que ça. Je perdais  petit à petit la personne qui m’avait donné envie de vivre après ma transplantation et maintenant, je ne pouvais rien faire pour lui alors que c’était lui qui avait besoin d’aide à présent. Bon Dieu, je ne servais à rien ! Je me sentais égoïste de ne penser qu’à mon malheur alors que je laissais mourir Noah à petit feu.
David et moi ne voyions pas le temps passer. Chaque jour comptait pour nous alors que Noah, lui, souffrait de plus en plus. Il avait pratiquement constamment son oxygène et certainement effrayé de mourir, il ne voulait pas rester seul une seule seconde. Je relayais donc David quand il tombait de fatigue et ainsi de suite. Quand Noah ne dormait pas, il semblait trouver le temps long, me rendant encore plus coupable que je ne l’étais déjà.
Il ne pouvait pas s’occuper une minute, il n’avait même plus la force de se redresser pour s’assoir, tout ce qu’il savait faire était manger lentement, parler modérément, me serrer la main légèrement… Ses journées étaient péniblement longues et je savais qu’intérieurement, même s’il avait peur, il ne demandait plus qu’à mourir.
Nous étions dans un point de non-retour et pourtant, je n’arrivais toujours pas à m’imaginer.
Mon cauchemar allait certainement s’arrêter un jour, j’en étais persuadé.

Et pourtant, ce jour dut arriver que je le veuille ou non…
Après une nuit où je restai encore sur cette maudite chaise à ses côtés, encore endormi contre Noah, je fus réveillé doucement par de légers mouvements. Il tentait de me réveiller, ce qu’il faisait assez souvent quand il avait besoin de quelque chose. Je me frottai légèrement les yeux et le regardai en lui demandant ce qu’il voulait.
A voir ses yeux, je savais que cela n’allait plus tarder mais je ne pensais pas que cela allait se faire si vite. J’avais l’impression qu’il était de plus en plus absent, que toute son énergie vitale se dissipait peu à peu. Mon Noah se dégageait de son corps et je ne pouvais que le regarder… A travers son masque et la voix à peine audible, il demanda :
- Tu veux bien.. me prendre dans tes bras…
Non. Non, je ne voulais pas… Je savais très bien ce qui allait arriver si je le faisais… Les larmes aux yeux, je regardais ses yeux mi-clos. Je ne pouvais pas refuser. Il ne partirait pas tant qu’il me savait réticent et je ne pouvais pas lui faire une chose pareille. Je n’avais pas le choix… Je devais laisser partir l’être que j’aimais le plus au monde.
Je n’étais même plus réellement conscient de ce que je faisais… Je me levai et fis le tour du lit sans un mot pour me coucher près de lui.

Cette sensation de voir quelqu’un pour la dernière fois, de pouvoir contempler son regard une unique fois ne me rendait plus maître de moi-même. Mon corps ne faisait que répondre à des ordres tandis que mon esprit retenait tout ce qu’il pouvait comme si je ne le connaissais pas. Ma main passa dans ses cheveux et lentement, je fis approcher son visage contre ma poitrine. Sentir ses derniers battements de cœur me donnait l’impression de mourir avec lui. Sa voix résonna encore une fois. Je devais profiter d’entendre sa voix encore… Pourquoi Seigneur fallait-il que je le laisse partir et ne plus l’avoir auprès de moi…
- Gwen…
- Oui mon amour… murmurai-je tel un robot.
- Je.. Je t’aime…
- Moi aussi Noah… Moi aussi je t’aime… dis-je cette fois la voix brisée par des larmes qui ne couleraient pourtant pas.
Quelques secondes passèrent… Une éternité pour moi…
- Prends soin de David… chuchota-t-il.
- Ne t’inquiète pas… Je ferai tout pour lui !
A mes dernières paroles je sentis sa main serrer mon pull légèrement… Ce fut malheureusement la dernière chose qu’il fit. Lentement, ses battements de cœur se firent plus rares jusqu’à ce que je ne sente plus rien.
Je n’osai même pas regarder, j’avais trop peur de voir la vérité en face. Je ne parvenais même plus à respirer de peur de me rendre compte de ce que je vivais à l’instant.
Ce fut le seul moment où mes larmes ne purent que couler silencieusement. Mon regard était fixé devant moi, je restais bouche baie, ma gorge était serré comme jamais.

je n’avais plus qu’un corps sans vie à mes côtés…

 


THE END




Par lutraah - Publié dans : Tant qu'il est encore temps...
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