Petit mais je pense que plus sera trop lourd pour une fin d'histoire. J'espère que ça vous plaira.




Les trois premières semaines furent passées dans mon lit sans cesse, je m’en rappelle comme si c’était hier. Je n’avais pas le courage de regarder David en face, peut-être pas honte de mon état ou par le fait de voir Noah en lui. Heureusement que Grace resta chez nous pendant un mois car je n’aurais rien su faire à part pleurer. J’avais beau me forcer à me raisonner avant de m’endormir, en me disant que demain allait être le jour où j’allais me lever, le lendemain en croyant que j’allais revoir Noah et que tout ceci était un cauchemar, me força à rester au plus bas. Mon cœur me faisait mal quand je me réveillais et quand j’allais m’endormir. Je croyais à ce moment que, même s’il y avait David, je n’aurais jamais pu remonter la pente.

Et pourtant, un jour où le soleil apparut dans mes yeux, je m’étais levé et j’eus un déclic en arrivant dans le salon. Une chose qui me déchirai le cœur. Je vis Grace consoler David qui pleurait également. A ce moment précis, je cessais tout mon cinéma, j’arrêtai de pleurer sur mon sort et m’occupai pleinement de David. Ce jour-là, j’avais enfin compris comment Noah voulait que je m’occupe de lui et je le fis plus par envie de m’occuper de lui que de suivre le dernier vœu de son père.

Voilà donc 5 ans que Noah nous a quitté.

Tout se passe très bien dans nos vies. Je vais à présent sur mes 30 ans, cela me fait à la fois rire et un peu peur. Je sais que le jour où j’aurais le même âge que Noah me fera quelque chose en plus que mes anniversaires habituels. Ne pas le voir me sourire et me toucher me fait encore mal aujourd’hui, je n’arrive toujours pas à l’accepter. Mais je me force… La vie continue, je dois être heureux, même si en ce moment, ce bonheur n’est pas pour moi. David, lui, a l’air de s’en être remis.
Il a à présent presque 20 ans et a rencontré un garçon un peu plus âgé que lui, avec qui il sort depuis deux ans. Une fois que David aura terminé ses études en médecine, s’ils sont toujours ensemble, il compte s’installer avec.

Moi de mon côté, j’ai couché à nouveau avec un homme il y a un an et je me suis juré ce jour-là que je ne le ferais plus avant d’aimer quelqu’un à nouveau, si cela allait arriver un jour.
J’avais fait cela un soir de désespoir où David était sorti avec son copain. Je n’avais personne à qui parler, à voir alors je me suis rendu dans une boite gay et j’ai couché avec le premier venu, quatre fois de suite. C’était du pur sexe violent, je le prenais sans me soucier s’il aimait ou pas. Je savais que je lui avais fait mal mais je n’avais pas envie de prendre de précautions. A peine avais-je joui en lui que je le reprenais encore et encore et ce ne fut que quand j’avais fini de me vider de mes émotions, plus haineuses envers les autres hommes qu’envieuses, que je suis parti sans un mot. Ce soir-là, malgré que je n’avais plus pleuré depuis presque deux ans, je m’étais dirigé vers sa tombe pour aller l’appeler au moins une centaine de fois en pleurant et pour lui dire à quel point il me manquait et j’étais malheureux sans lui.
En plus d’avoir eu l’impression de l’avoir trompé, j’avais l’impression de m’avoir sali notre amour en baisant le premier venu. Cette nuit-là quand j’étais rentré, j’avais pris une bonne fois pour toute la décision de ne jamais refaire l’amour à quelqu’un, à part quelqu’un qui pourrait à nouveau m’aimer. Seulement le plus difficile n’allait pas être ça, mais plutôt le contraire. Moi, je ne savais pas si j’allais réussir à aimer à nouveau quelqu’un.

Je veux être heureux et je sais que cela va venir un jour… Mais peut-être que je ne veux pas de ce bonheur pour le moment. Je m’en veux toujours beaucoup de l’avoir laissé partir ainsi et de devoir profiter de la vie à sa place, alors qu’il était le plus vivant d’entre nous deux. Je m’en veux de ne pas avoir pu profiter plus de Noah, de son corps et de ne pas lui avoir dis plus souvent à quel point je l’aimais. Je m’en veux d’avoir été aussi égoïste et de l’être toujours alors qu’il a souffert bien plus que moi pendant sa maladie…
Mais je sais à présent que là où il est, il veille sur David et moi et qu’il ne veut qu’une chose ; notre bonheur.
Beaucoup pourrait me prendre pour un fou, mais je suis certain qu’il est là, je le sens et je sens également que là où il est, il est heureux et en paix avec lui-même. Je ne peux rien demander de mieux pour lui si ce n’est ce que je ressens pour lui en ce moment même.

J’ai la nette impression également que je dois clore toute cette partie de mon histoire pour laisser enfin arriver une autre, plus rayonnante que jamais alors je vais terminer ces écrits aussitôt. Je garde espoir, je le garderai toujours tout comme j’aimerai jusqu’à la fin de mes jours Noah.





Gwen ferma son livre sur ces derniers mots et soupira. Une émotion nouvelle vint à lui. Il ne savait pas si c’était la nostalgie ou l’excitation pour la suite mais il y avait quelque chose de précis qui changea à cette seconde précise. Peut-être était-ce finalement le véritable espoir qui était enfin dans son cœur…

Il s’en retourna à son travail, dirigeant depuis deux ans maintenant un magasin de bouquins principalement sur l’histoire de l’art, après sa dernière année d’archéologie que Noah lui avait payé.

Il ne fallut pas deux minutes pour lui pour voir arriver un homme qui lui fit un sourire suivit dans bonjour.
Il se dirigea vers les livres et regarda pendant un moment jusqu’à ce qu’il se décide à en prendre un. Gwen, machinalement l’encoda jusqu’à ce que l’homme lui prenne un petit papier et écrive quelque chose dessus.
Les joues de Gwen se mirent à rougir légèrement quand il vit que ce n’était qu’autre un numéro de téléphone. L’homme esquissa un sourire à nouveau et tout en payant, il lui donna en disant :

-          Ca fait au moins vingt fois que je viens dans ce magasin et vous ne daignez toujours pas m’adresser autre chose qu’un bonjour et un au revoir. Ca ne vous dérange pas si je prends les devants ?

-          Je.. dit-il sans savoir quoi dire.

-          Si vous n’êtes pas intéressé, vous ne me rappelez pas c’est aussi simple que ça. Par contre, si j’ai une infime chance… Saisissez-la, je suis quelqu’un d’extra ! répondit l’homme en rigolant légèrement.

-          Je ne sais pas…

-          Ce serait dommage… Ca pourrait être sympa.

Gwen le regarda, intrigué. Que voulait-il dire par « sympa » ?

-          Si ce n’est que pour du cul, ne comptez pas sur moi.

-          Je ne suis pas ce genre-là… rétorqua-t-il dans un léger sourire.
Je suis juste un homme qui veut parler à un autre parce qu’il le trouve particulièrement beau…

-          Désolé ! dit Gwen sur la défensive en lui retendant son papier.
je ne veux pas..

-          Bon… répondit l’homme en le prenant et perdant son joli sourire.
Je vous avoue que je suis quand même un peu déçu mais bon… Tant pis. Au revoir…

Le voyant se tourner fut peut-être plus dur pour Gwen qu’il ne l’imaginait. Son regard baissa aussitôt sur son livre. Bizarrement, le fait de terminer ce livre, il eut la sensation de tout à coup choisir de rester dans le passé ou enfin s’ouvrir à l’avenir. Il n’y avait pas plus tard que quelques minutes, il avait enfin décidé à s’ouvrir. Peut-être était-ce une chance… Une chance de passer à autre chose.

-          Attendez !

-          Vous avez changé d’avis ??!! dit-il en se retournant brusquement.

-          Peut-être, oui…